L’académie de jazz de France depuis 1955

Louis SCLAVIS (1987)

Lauréat en 1987

Louis SCLAVIS (1988)
©Christian Rose

Clarinettiste, clarinettiste basse, saxophoniste (soprano, baryton, alto) et compositeur français (Lyon, 2-2-1953).

C’est à dix ans qu’il débute à la clarinette, dans l’harmonie municipale de Montchat. Il goûte un temps au jazz Nouvelle-Orléans, à Sidney Bechet et à Albert Nicholas. Ce n’est qu’à quatorze ans qu’il se laisse tenter par, le soprano. En 1968, année où il entend Maurice Merle à la MJC de son quartier, il entre au conservatoire, où il reste trois ans. En 1970-71, avec des copains de lycée, il découvre la musique improvisée, s’intéresse au théâtre, à la danse et assiste à de nombreux concerts : Archie Shepp, Art Ensemble Of Chicago, Charles Mingus, Sun Ra... Il abandonne lycée et conservatoire, fait de la musique en direct pour le théâtre. En 1972, il étudie la clarinette basse : ce choix lui permet bientôt de trouver nombre d’engagements. En 1974 Merle lui propose de jouer dans le Free Jazz Workshop. Il travaille avec Colette Magny (« Free Jazz Workshop + Colette Magny », 1975) ; le Workshop de Lyon (ex FJW) et le Marvelous Band se forment. En 1976, la chanteuse grenobloise Claire lui demande de l’accompagner : cet emploi l’occupe, parallèlement à bien d’autres (dont un duo avec Jean Bolcato), pendant trois ans. Fin 1976 est prise la décision de former l’Arfi (Association à la Recherche d’un Foklore Imaginaire). C’est aussi la naissance de la Marmite Infernale, big band où se mêlent les musiciens des deux formations, Marvelous et Workshop, et où Sclavis occupe une place de choix. 1977, rencontre avec Bernard Lubat à l’occasion du Festival d’Uzeste : Sclavis séjourne dans la Compagnie Lubat (régulièrement jusqu’en 1983, puis ponctuellement). En 1979, il appartient à un quartette de clarinettistes avec Michel Portai, Jacques Di Donato et Jean-Louis Chautemps. Henri Texier l’engage ensuite pour remplacer Eric Le Lann : il côtoie ainsi Philippe Deschepper et retrouve Lubat. Il continue de retrouver régulièrement Portal, de jouer avec Lubat et d’appartenir au Workshop de Lyon. Ce sont ensuite les rencontres avec Didier Levallet et Dominique Pifarély (vin). En 1980-81, il séjourne dans le Brotherhood Of Breath de Chris McGregor, enregistre son premier disque (« Ad Augusta Per Angustia ») et multiplie les rencontres, notamment avec des musiciens gravitant autour de la firme FMP, avec Tony Oxley (qu’il retrouvera dans l’European Jazz Ensemble) et avec le photographe Guy Le Querrec (ils entreprennent une réflexion commune sur les rapports entre musique et image). En 1983-84, il monte le « Tour de France de Louis Sclavis » avec Benat Achiary, Michel Doneda, Deschepper, Yves Robert, Alain Gibert et Gérard Siracusa. Il joue avec John Lindberg, amorce une collaboration avec George Lewis (avec le Workshop, notamment au Festival de Paris). En 1985, deuxième et troisième disques : « Clarinettes » (en solo sauf sur deux thèmes) et « Rencontres » (avec Gunter Sommer, perc, voc ; Conrad Bauer, tb ; Gérard Marais ; Deschepper, g). Il monte un trio avec Christian Ville (dm) et François Raulin (p, synth) -premier concert au Festival de Grenoble 1985 - qui devient quartette avec Bruno Chevillon (b) (ils sont parfois rejoints par Pifarély). Il retrouve également Texier, au sein du quartette de ce dernier, avec Deschepper, Jacques Mahieux et des solistes invités, tel Joe Lovano (« Paris-Batignolles », 1986). En 1986, on l’entend dans un trio de clarinettes en compagnie de Di Donato et Armand Angster. L’année suivante, il joue notamment avec Anthony Braxton, Gerry Hemingway, Gianluigi Trovesi, Marc Perrone et Bernard Lubat, dans le « Très Horas De Sol » de Jean-Marc Padovani et il enregistre « Chine ». En 1988, il forme un « septette de chambre » (Raulin, Chevillon, Michel Godard, tuba ; Yves Robert, tb ; Pifarély, Deschepper) à l’occasion du festival Banlieues Bleues et joue en big band (aux côtés d’Enrico Rava, Evan Parker, Han Bennink, etc.) et en duo avec Cecil Taylor. Il compose et enregistre en 1988 la musique de « Tous pour un ! » et, en 1993, « La Vraie Vie » (Jean-Louis Comolli). Au cours des années 90, la notoriété aidant, ses activités se multiplient : « Ellington On The Air » en sextette (pour la firme française Ida) et, pour Ecm, « Rouge » en quintette ; trio de clarinettes avec Angster et Di Donato ; Acoustic Quartet avec Pifarély, Chevillon et Marc Ducret ; « De l’eau dans le jazz », avec Portai, Texier et Jean-Pierre Drouet sur des photos de Le Querrec (Arles, 1993), et « Les violences de Rameau » (1994).
Dans le courant de la musique improvisée européenne, Louis Sclavis est un poly-instrumentiste qui aborde la quasi-totalité des instruments à anche simple, et dont l’originalité est l’utilisation intensive des clarinettes dans un contexte contemporain. Il se caractérise par une sonorité d’une grande pureté, qui cultive l’étrange et l’insolite, et une articulation qui ne laisse la place à aucun effet : ce dépouillement contribue à la lisibilité et la limpidité de son message. Il puise ses inspirations mélodiques dans des musiques parfois délaissées : folklores, musique ancienne, orientale, ethnique. Ces influences imprègnent sa démarche de compositeur, où il se montre libre, audacieux et imprévisible.

P.B. & G.G.

Musique pour une cérémonie (1981), Mariage, To Meet (1985) ; « Anniversaire » (Workshop de Lyon, 1986) ; Tango (1987), Ottomar (1989), Harlem Pancake (1991) ; « Acoustic Quartet » (1993).