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Michel PETRUCCIANI (1981)

Lauréat en 1981

Michel Petrucciani & Charles Lloyd
Antibes - Juan-les-Pins, 25 juillet 1982.
© photo Jacques Bisceglia

Pianiste et compositeur français (Orange, 28-12-1962/ New York City, 6-1-1999).

Atteint d’une grave maladie osseuse, il s’investit très tôt dans la musique et étudie le piano classique pendant huit ans. A douze ans, il se produit en concert avec une formation familiale (en compagnie de son père, guitariste, et de son frère Louis, bassiste). Il travaille l’instrument près de neuf heures par jour... En 1977, il joue avec Kenny Clarke. Au cours du Festival de Cliousclat (Drôme), en 1978, Clark Terry l’entend avec Bernard Lubat et l’orchestre du trompettiste Alain Brunet : séduit, il joue avec lui. A Paris deux ans plus tard, il joue notamment avec Chuck Israels, puis au Festival de La Grande-Motte, en quintette avec André Jaume, Lubat, Mike Zwerin et. son frère Louis, Il enregistre « Flash », 1980, avec Aldo Romano, Zwerin et Louis Petrucciani. L’année suivante, on le retrouve avec Jean-François Jenny-Clark et Romano. C’est ensuite le grand départ pour la Californie, où il s’installe en 1982 et rencontre Charles Lloyd. Enthousiasmé par le jeune pianiste, ce dernier décide de faire un retour à la scène : Petrucciani joue dans son quartette (avec Palle Danielsson, b, et Son Ship Theus, perc). Outre une tournée mondiale avec Lloyd ( « A Night In Copenhagen », 1983), il fait un séjour new-yorkais, tourne en duo avec Lee Konitz en 1981-82 (« Toot Sweet », 1982) et forme divers groupes. Parallèlement et régulièrement, il se produit en solo (au Kool Festival de New York en 1984). En 1984 paraît son premier disque américain (« 100 Hearts »). En 1985, il se produit en duo avec Ron McClure, en trio avec Danielsson et Elliott Zigmund (dm), et joue au Festival de Montreux avec Jim Hall et Wayne Shorter. Il fait son premier disque pour Blue Note, « Pianism ». En 1987 est publié lé témoignage de sa rencontre avec Hall et Shorter ; L’année suivante, il tourne en Europe avec Andy McKee (b) et Eliot Zigmund, puis avec Gary Peacock et Roy Haynes. En compagnie de Shorter, Gil Goldstein (claviers), Pete Levin (synthétiseur), Stanley Clarke et Lenny White, il participe au « Manhattan Project » (1989). En 1993, il quitte Blue Note et commence d’enregistrer pour Dreyfus Jazz Line (notamment, en 1994, avec Eddy Louiss) ; On l’a également entendu avec Freddie Hubbard, Joe Henderson, Buster Williams, Billy Hart, Charlie Haden, Jack DeJohnette, Cecil McBee, Eddie Gomez. (Un film lui a été consacré par le cinéaste et bassiste Franck Cassenti : « Lettre à Michel Petrucciani ».)
Pianiste intimiste, lyrique et impétueux, il est identifiable par des traits fulgurants soulignant l’amplitude dynamique de son instrument. Sa démarche musicale est d’ailleurs essentiellement pianistique : son jeu recourt à un spectre sonore élargi qui souligne la configuration polyphonique du piano. Il s’accommode parfaitement de la formation réduite (du solo au trio), du fait de son caractère ample, voire envahissant, exigeant des accompagnateurs discrets, raffinés. Son toucher délicat, subtil et très proche des touches, se combine à une attaque puissante, lui conférant un son incisif et métallique. Son phrasé bénéficie de son immense technique, d’où une grande clarté de discours et une définition précise des notes au sein de la ligne mélodique. Avec un swing plus suggéré que manifeste et un éventail harmonique qui évite les tensions trop grandes ou prolongées, il est, dans la lignée de Bill Evans, le pianiste des atmosphères nocturnes et envoûtantes.

P.B. & C.G.

In Your Own Sweet Way (1980), Days Of Wine And Roses (1981) ; Little Song (duo avec Michel Graillier, 1981) ; Pasolini (1982), « Oracle’s Destiny » (1983), Autumn Leaves (avec R. McClure, 1985), Darn That Dream (1985), « Power Of Three » (1986), She Did It Again (1987), Rachid (1991) ; “Flamingo” (avec Stéphane Grappelli, 1995) ; “Both World” (1997).