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François JEANNEAU (1979)

Lauréat en 1979

Antibes - Juan-les-Pins, juillet 1986.
© photo Jacques Bisceglia

Saxophoniste, flûtiste, claviériste et compositeur français (Paris, 15-6-1935).

Né dans une famille de musiciens amateurs, il découvre la musique classique par sa mère et apprend la flûte au conservatoire. En 1949, enthousiasmé par les concerts de Charlie Parker et de Sidney Bechet au Festival de Paris, il décide de devenir jazzman et étudie, en autodidacte, le saxophone soprano puis le ténor. En 1959, au Chat Qui Pêche, il participe à des jam-sessions : il est alors soprano dans des formations New Orleans. 1960-62 : il joue au Club Saint-Germain, dans le quintette de Georges Arvanitas, mais aussi avec Martial Solal, René Urtreger, Eddy Louiss... et des Américains de passage. Il enregistre avec Arvanitas « Soul Jazz », joue avec Aldo Romano et Jean-François Jenny-Clark (Helsinki, 1962). Jeanneau sera l’un des premiers à se reconnaître dans le free jazz : avec François Tusques, il participe à « Free Jazz » avec Michel Portai, Bernard Vitet, Charles Saudrais, Beb Guérin, et joue chez Jef Gilson (big band et petites formations) en 1965. En 1966-67, il accompagne des vedettes de variétés, travaille en studio puis, au sein du groupe Triangle, évolue vers la musique pop et s’intéresse à la lutherie électronique (1975). De 1975 à 1979, il joue dans un quartette composé de Jenny-Clark, Romano, et Michel Graillier (p) puis Christian Escoudé (g), et en trio avec Daniel Humair et Henri Texier (1979). Il enregistre son premier disque sous son nom, « Une bien curieuse planète », en 1975. En 1978, il crée un grand orchestre, le Pandemonium - Didier Lockwood, Ami Flammer, Claire Charlier (vin), Escoudé (g), Capon (cello), Jenny-Clark (b), Romano (dm), Mino Cinelu (perc), Katia Labèque (p), Agnès Toussaint (alto), Jean-Philippe Audin (cello) -qui donne son premier concert au Festival de Donaueschingen. Parallèlement, les rencontres se multiplient : Jacques Thollot, Chris McGregor, Martial Solal, Portai, Paul Mefano, Vinko Globokar, Joachim Kùhn, John McLaughlin, Philip Catherine, Katia Labèque, Bernard Lubat, Carolyn Carlson... En 1980, il crée au Festival d’Angoulême Desmodus Minor, jazz-opéra pour voix, double orchestre de jazz, quintette à vent et orchestre de chambre sur un livret de Michel Mastrojanni. La même année, naissance du Quatuor de saxophones en Compagnie de Jean-Louis Chautemps, Jacques Di Donato et Philippe Maté (« Double Messieurs », 1981) ; tournée britannique avec le Saxophone Quartet (John Tchicai, André Goudbeek, Maté) ; création d’une pièce pour deux pianos (Katia et Marielle Labèque) au Festival de Paris, et diverses musiques de film. Il joue également avec Jean-Paul Céléa (b) et François Corrttmer (p), et en duo avec K. Labèque. En 1981-82, outre divers arrangements et créations - pour le Festival de Paris 1981, pour un ballet, Le Cœur Suspendu, 1982 -, tournées et concerts à l’étranger, souvent en trio avec Humair et Texier, organisation de classes de jazz et d’improvisation dans des conservatoires parisiens. En 1986, il prend la tête du premier Orchestre National de Jazz. Parallèlement il forme un quartette avec Andy Emler (p), Michel Benita (b) et Aaron Scott (dm). Création en 1986 de Court métrage (Nouvel Orchestre philharmonique de Radio-France, soliste : Di Donato), puis de Une anche Passe pour quatuor de saxophones... La quatrième mouture du Pandemonium voit le jour en 1988. D’un long séjour à la Réunion, il rapporte le goût des formes vocales et des percussions de l’île qu’il utilisera comme nouvel ingrédient et catalyseur au début des années 90. Compositeur, arrangeur, poly-instrumentiste : ces compétences multiples font de François Jeanneau un musicien architecte qui possède une vision globale de la musique. Il a su préserver aux synthétiseurs son style lyrique et chaleureux au point de faire chanter merveilleusement la technologie. Sur les instruments à anche, on le reconnaît à un son généreux et plein, qui s’exerce sur une palette expressive très large, du free jazz au système des gammes pentatoniques, où se font jour un égal souci du son et de la note juste et un grand sens de l’équilibre.

P.B. & C.G.

Le Lynx (1976), Fables (1977) ; Arfia (avec D Humair-H.Texier, 1980) ; avec le Quatuor de saxophones : Scherzoid (1980), « Mad Sax 2 » (1982) ; Heliodanse (1981), « Terrains Vagues » (1983), « Pandemonium » (1985), « Orchestre National de Jazz » (1986) ; Taxiway (1988) ; « Up Date 3.3 » (avec Humair et Texier, 1990) ; Mauvais Temps (Marc Ducret, 1990) ; « Maloya Transit » (1991).